- religiosité
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• XIIIe; du lat. religiosus → religieux1 ♦ Vx Scrupule religieux extrême. ⇒ dévotion.2 ♦ (1803) Mod. Aspect purement sentimental de la religion chez une personne; attirance pour la religion en général, avec ou sans adhésion formelle à une religion précise.religiositén. f. Disposition d'esprit religieuse.⇒RELIGIOSITÉ, subst. fém.Disposition religieuse, besoin religieux. Bien que certains auteurs aient prétendu que la religiosité est la caractéristique essentielle de l'humanité, il y a eu de tout temps des individus qui manquaient d'esprit religieux (MORTILLET, Préhist., 1882, p. 501). Il n'est pas vrai, comme inclinait à le croire Fustel, que les diverses formes de culte social, — religion du foyer, du clan, de la cité, — aient suffi à épuiser la religiosité de l'homme antique (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 172).— En partic. (le plus couramment). Disposition religieuse à forte tendance affective, sans référence à une religion particulière, sans contenu dogmatique précis. Vague religiosité. Leur religiosité superficielle qui ne flétrissait que les scandales, et leur apologie d'un christianisme aboutissant infailliblement (...) à un colossal mariage d'argent (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 408). La religiosité n'est pas la religion: au regard d'une religion dogmatique et dans sa force encore, ce n'est pas grand'chose de se dire seulement sensible à Dieu (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 124). V. religion I B 1 b ex. de Lévy-Bruhl.♦ P. méton., au plur. Manifestations de cette disposition. Les religiosités de M. Flandrin, sont écrites dans une langue pâteuse, sans aucun style (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 196). L'idéalisme religieux qui substitue les exaltations intérieures et les religiosités vagues au corps solide d'une religion à la fois métaphysique, sociale, juridictionnelle, sacerdotale et rituelle (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 744).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. « piété, dévotion à Dieu » (Bible, Maz. 684, fol. 21c ds GDF.: La paor de nostre seigneur est religiosité de science, et religiosité gardera le cuer et le justifiera [Eccli. I, 17-18]); 2. 1801 « disposition religieuse affective, dénuée d'attache avec une foi, un culte précis » (VILLERS, Kant, p. 135 ds LITTRÉ [opposé à religion, religion positive]). Empr. au lat. religiositas « sentiment religieux » (IIe s., Apulée); « religion, piété » dans la lang. chrét. (déb. IIIe s., Tertullien ds BLAISE Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.:74.
religiosité [ʀ(ə)liʒjozite] n. f.ÉTYM. XIIIe; du lat. religiosus. → Religieux.❖1 Vx. Scrupule religieux extrême. ⇒ Dévotion.1 La jeune fille, conservant de son séjour à l'Assomption un fond de religiosité, trouvait cela très bien (…)Alphonse Daudet, Rose et Ninette, V.2 (1803). Mod. Aspect sentimental de la religion chez une personne; attirance pour la religion en général, avec ou sans adhésion formelle à une religion précise (→ Niable, cit.).2 C'est surtout sous la forme religieuse que l'État a veillé jusqu'ici aux intérêts suprasensibles de l'humanité. Mais du moment où la religiosité de l'homme en sera venue à s'exercer sous la forme, purement scientifique et rationnelle, tout ce que l'État accordait autrefois à l'exercice religieux reviendra de droit à la science, seule religion définitive.Renan, l'Avenir de la science, XIV, Œ. compl., t. III, p. 929.3 La religion, pendant des siècles, tenta de s'ériger en système et en essence : la théologie, la théocratie; elle a échoué; en tant que système, elle a éclaté. Les débris des religions jalonnent l'histoire. Veut-on constituer en essence la « religiosité » ? Beaucoup s'y efforcent.Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 308.4 Je ne suis pas contre le principe de la religion, parce qu'il est le seul qui organise le sentiment de religiosité. Mais je pense que dans la plupart des cas, l'esprit religieux passe avant l'organisation en religion.J.-M. G. Le Clézio, la Fièvre, p. 147.
Encyclopédie Universelle. 2012.